Maçon puis chauffeur de bus



IL REBONDIT Le parcours de Mickaël Guillaud, un Périgourdin de 40 ans, prouve que dans une vie, on peut changer de voie avec succès

Quel rapport entre un maçon et un chauffeur de bus ? Aucun a priori, si ce n’est que le Périgourdin Mickaël Guillaud, 40 ans, a fait tour à tour ces deux métiers. Le parcours de ce quadra que les usagers du réseau Péribus de l’agglomération de Périgueux croisent régulièrement prouve que la reconversion, au cours d’une vie professionnelle, est possible.

Premier diplôme à 30 ans

Retour dans les années 1990. Après avoir échoué au bac Économie et social, Mickaël commence à enchaîner les petits boulots : « L’usine, le travail de nuit, le nettoyage. » Son premier vrai emploi, il le décroche comme croque-mort. « J’ai vu l’annonce à l’ANPE. Pour une fois, on ne demandait pas de qualifications. Il fallait juste mesurer plus de 1,70 mètre. Je fais 1,71 mètre. Je me suis dit : “C’est pour moi”. » C’est après le service militaire que sa voie professionnelle se dessine. Il rejoint, en tant qu’objecteur de conscience, une association de sensibilisation à l’environnement dans la Vienne. Il noue des contacts amicaux avec les habitants.

Un maçon propose de lui apprendre le métier.  Entre le travail en extérieur, hiver comme été, les horaires et un niveau de salaire modeste, le job est difficile. Mais petit à petit, Mickaël acquiert de véritables compétences. À 30 ans, il les fait reconnaître par le biais de l’Afpa (organisme de formation professionnelle) qui lui accorde l’équivalent d’un CAP. Afin d’allier ses « convictions environnementales » à son parcours, il décide de se lancer dans la bio construction. Grâce à « l’aide dynamique » d’une salariée de l’ANPE, il obtient le financement d’un stage, en Bretagne.

Mickaël est engagé dans une association d’insertion, comme encadrant professionnel en maçonnerie. Il y reste près de cinq ans. Avant de décider de changer complètement de voie. « L’association avait des problèmes de budget. Et puis le travail était extrêmement prenant : physiquement, c’était dur, et il y avait le public aux parcours compliqués. Même la journée finie, je continuais à y penser. »

« La solution d’avenir »

Après avoir travaillé des années dehors, il a envie « d’être au chaud ». Il songe alors aux transports en commun.« Cela correspondait à mes convictions environnementales. Je pense que c’est la solution d’avenir pour circuler dans les villes. » Suivent de longues démarches pour monter un dossier à l’ANPE qui accepte finalement de financer sa formation. Puis Mickaël devient papa et part une année à La Réunion, où il commence son nouveau métier. De retour à Périgueux en 2011, il réalise des missions d’intérim, puis des contrats à durée déterminée à Péribus, jusqu’à signer en contrat à durée indéterminée (CDI) en 2012.

Changer de métier est possible. Mais à certaines conditions, selon Mickaël. « Il faut savoir précisément ce que l’on veut et il faut être clair sur ses compétences. Ensuite, il faut se renseigner soi-même, faire les dossiers et contacter les bonnes institutions. » Une reconversion n’est pas un long fleuve tranquille. « Il y a la famille qui ne comprend pas toujours pourquoi vous lâchez un CDI. » Il y a aussi la pression sociale : « C’est mal vu de démissionner pour se retrouver dans un premier temps au chômage. » Et il y a la réaction de l’employeur que l’on quitte : « Cela peut déboucher sur un conflit. » Aujourd’hui, il est satisfait de sa situation. Et quand il regarde en arrière, il se dit que son principal atout a été de commencer chaque nouveau travail « sans idées préconçues ». Sa règle : « J’arrive en me disant “Je découvre, et je verrais” ! »