Du travail dans les champs

ILS RECRUTENT 500 emplois agricoles ne sont pas pourvus en Aquitaine chaque année. En Gironde, on cherche des tractoristes et des agents viticoles



Comme dans beaucoup de secteurs d’activité, il existe en agriculture un nombre d’emplois non pourvus qui est loin d’être négligeable. Les statistiques de Pôle emploi révèlent le chiffre de 12 000 chaque année en France. Pour l’Aquitaine, cela varierait entre 300 et 500 postes, selon le décompte des associations départementales pour l’emploi et la formation en agriculture (Adefa).
Le dernier recensement général agricole (RGA,) portant sur la période2000-2010, a confirmé l’Aquitaine au premier rang des régions françaises pour l’emploi agricole avec près de75 000 salariés permanents. La Gironde(15 000 permanents ) se situe pour sa part au premier rang des départements. Mais, en volume global d’emplois, c’est beaucoup plus si l’on agrège les travailleurs saisonniers, en viticulture notamment.
Dans le contexte de crise et de taux de chômage élevé que le pays traverse, l’Association régionale pour l’emploi et la formation en agriculture (Arefa)a jugé utile d’organiser cette semaine une opération de sensibilisation. Avec le soutien du Conseil régional, elle vise les professionnels, les prescripteurs de l’emploi, les demandeurs d’emploi, les collégiens, les conseillers d’orientation et le grand public. « Il est important de faire connaître les différents métiers et formations proposées, de s’immerger dans la réalité des métiers agricoles », explique Éric Perriat, qui préside l’Arefa.

Trop de préjugés

Ce Girondin, salarié de la Tour Blanche à Bommes, se souvient du temps où l’on disait aux enfants « si tu ne travailles pas bien à l’école tu finiras dans l’agriculture »! Il estime qu’aujourd’hui, si les métiers agricoles ont beaucoup évolué, « les préjugés ne sont pas tombés ». Pour lui, ces préjugés sont « un frein », détournent les jeunes de l’agriculture.
Ainsi, en Gironde peine-t-on à recruter des tractoristes pour la viticulture et des conducteurs d’engins pour les grandes cultures. On a du mal aussi à trouver des agents viticoles pour la vigne ou pour le chai, des chefs d’équipes ainsi que des tailleurs. « En agriculture on n’a pas de vacances, on est mal payé »: ce sont les réticences le plus souvent soulevées par le grand public vis-à-vis des métiers agricoles.
Pour tordre le cou à ces idées reçues, l’Arefa a réalisé une vidéo, « Vous avez dit agriculture? » qui, sous forme de questions/réponses, entend rétablir la réalité. « Les salariés agricole sont des vacances et un tractoriste peut prétendre à 1 500 euros net par mois en début de carrière » souligne Éric Perriat.
D’autres freins existent dont la distanciation de la société avec le monde agricole n’est pas le moindre. « Avant,90 % des salariés étaient issus du monde rural et donc sensibilisés à ce type de travail. Ce n’est plus le cas aujourd’hui», constate le président de l’Arefa. Il pointe également un décalage relatif entre les formations proposées et les attentes des employeurs: « de moins en moins de formation pratique » déplore-t-il.
Mais les préjugés ne sont pas quechez les demandeurs d’emplois. Éric Perriat relève que certains châteaux viticoles , pas forcément les plus petits,hésitent à recruter des tractoristes femmes : « elles sont pourtant aussi capables que les hommes »,assure-t-il.
Une bourse de l’emploi (BCE) agricole existe au niveau national . Elle est gérée départementalement et régulièrement mise à jour par l’Adefa de Gironde.