« Chômette » a tourné la page

Licenciée fin 2008, Alexandra Le Dauphin-Tressos s’est lancée dans l’écriture comme exutoire pour finalement en faire son métier


Les longues semaines d’automne et d’hiver à combattre l’oisiveté peuvent accoucher d’une nouvelle vie. Alexandra Le Dauphin-Tressos, victime d’un licenciement économique fin 2008, a choisi de poser avec drôlerie et simplicité des mots sur les maux du chômage. Un blog et finalement un livre « Au boulot, Chômette », racontent au quotidien sa difficile quête d’une activité. Au final, celle qui a passé de nombreux mois à décrire, comme exutoire, sa recherche d’emploi, use de sa plume (1), désormais, pour gagner sa croûte. Apparemment, rien que de très banal. Alexandra Le Dauphin-Tressos se surnomme Chômette. La trentaine pointant le bout de son nez, elle apprend brutalement la fin de son aventure avec sa société spécialisée dans des logiciels informatiques. C’était il y a plus de quatre ans. La crise, première du nom, commence à frapper fort. La mère de famille talençaise plonge dans un nouveau monde d’incertitudes et de mauvais coups. « Je suis bloquée dans une faille travaillo-temporelle qui me fait errer quelque part dans l’univers du boulot sans que l’on sache où m’affecter », raconte-t-elle dans son livre, écrit sous la forme d’un journal. Bridget Jones se languis-sait d’un mec. Elle, veut un job. Dopée au cappuccino et à l’EPP (extrait de pépins de pample-mousse), elle postule le plus possible, multiplie les points de recherche, cultive son réseau. Bref, la routine pour une hyper active sans activité. Chômette est une chômeuse assidue. Ce qui ne l’acquitte manifestement pas des traditionnelles claques de la recherche d’emploi.


Elle crée son emploi. Un poste lui plaît ? La « bac +4 » est « surdiplômée » donc « instable » donc potentiellement capable de quitter son emploi. Celle qui affiche une maîtrise en langues et une licence en commerce et management tire donc son CV vers le bas pour mieux courtiser les employeurs. Un comble. On lui propose un poste de vendeuse en poissonnerie ou on l’embauche oralement sur son simple sourire avant d’annuler... quarante-huit heures plus tard. Chômette, elle, établit des statistiques sur les pourcentages de réponses à ses innombrables courriers, plus ou moins culottés. Au fil des 150 pages, les demandeurs d’emploi reconnaîtront forcément un peu ou beaucoup de ce qu’ils traversent. Les autres auront une meilleure idée du calvaire enduré. Aujourd’hui, Alexandra Le Dauphin-Tressos n’est plus vraiment Chômette. 

Après avoir écrit sur elle et ses péripéties, elle écrit donc pour les autres. Rédactrice pour des entreprises ou professionnels seuls, elle a créé sa propre boîte. Et redevient une working-girl... « Je ne dis pas que créer son emploi est la solution, car c’est un pari très risqué. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous. Je souligne simplement qu’il faut essayer. Se tromper. Ajuster. Réajuster. Mais surtout, il faut y croire », conclut-elle dans son ouvrage. Le livre justement, autoédité par les maigres deniers du foyer, dont la première fournée s’est vendue comme des petits pains, est sorti au début du printemps. Et l’autoentrepreneure n’est pas peu fière de voir sa « farce littéraire » trôner au rayon « nouveau-nés » de quelques enseignes culturelles. Tout en poursuivant sa nouvelle activité, elle n’exclut pas, aussi, d’écrire un deuxième tome. 


JEAN-CHARLES GALIACY jc.galiacy@sudouest.fr

(1) http://www.droledeplume.fr