Trois questions à ... YVES PETITJEAN

TROIS QUESTIONS À ...YVES PETITJEAN Président de la Chambre des métiers de Gironde

1 L’artisanat est-il un secteur qui recrute aujourd’hui ?


Cela dépend bien sûr des secteurs dont on parle. L’artisanat dans le bâtiment est plutôt une activité qui souffre de la crise avec des entreprises qui licencient ou gèlent les embauches. Mais c’est aussi un secteur avec de belles perspectives grâce aux chantiers de rénovation énergétique. Six logements sur dix devraient être mis en chantier d’ici à 2050. Cela représente un investissement global de 500 milliards d’euros qui, s’agissant de rénovation, devrait principalement revenir aux artisans.
D’autres secteurs sont en forme mais ont en revanche du mal à recruter. Je pense aux métiers de bouche, en tête desquels les bouchers et les charcutiers qui bénéficient des récents scandales alimentaires. Le consommateur a besoin d’être rassuré sur l’origine des produits qu’il achète.
Il a envie de proximité. Si les commerces de bouche garantissent la qualité, ils garderont ces nouveaux clients. Le problème actuel est qu’il n’y a pas assez de jeunes formés à ces métiers et que les bouchers, justement, ont du mal à recruter alors qu’ils ont besoin de main-d’oeuvre.

2 Quels sont les autres secteurs où on peut trouver un emploi ?


La réparation automobile travaille plutôt bien. Les ventes de voiture sont certes en baisse mais, précisément, les gens veulent garder leurs voitures plus longtemps. Ce qui signifie plus d’entretien et plus de réparations.  L’esthétique est aussi un secteur avec de belles perspectives de croissance parce que de plus en plus d’hommes viennent sur ce marché. Pour satisfaire leur clientèle, les hôtels offrent désormais des centres d’entretien, des soins, des spas ou des saunas. Au Centre de formation des apprentis, nous proposons cette filière qui, j’en suis certain, va attirer de nombreux jeunes parce qu’il y a des emplois garantis à la sortie, en France ou à l’étranger. Et moi, l’emploi des jeunes, c’est ma motivation. En Gironde, nous formons 3 500 apprentis et 80% sont embauchés dès leur diplôme obtenu. Mais l’artisanat attire aussi des gens plus âgés qui se reconvertissent ou veulent changer de vie professionnelle.

3 Êtes-vous confiant sur l’avenir de l’artisanat et du commerce ?


Nous avons plutôt bien résisté à la crise. En Gironde, il n’y a pas eu de perte d’entreprise depuis le début de l’année. Fin 2012, il y avait dans le département 26 906 entreprises artisanales, soit plus de 51 000 salariés. Nous sommes quand même la première entreprise privée de la Gironde.