Les métiers manuels ont la cote



BAYONNE Les effectifs sont en hausse à l’Université des métiers qui étrenne ses nouveaux locaux

C’est une vieille rengaine : « Quand le bâtiment va 26 » À l’Université des métiers Bayonne Pays basque, au sein du bâtiment flambant neuf qui étrenne sa première promotion, c’est encore le refrain du moment. Non que le secteur du BTP soit épargné par la crise. Mais ce bâtiment structurant, signé par l’architecte bayonnais Patrick Arotcharen, pour regrouper les filières et identifier d’un coup d’_3il le centre de formation, « donne une meilleure image » des métiers manuels qui y sont représentés, explique Philippe Gueucier, gestionnaire de cette université.

Et l’image est primordiale dans le contexte actuel, ou plutôt « l’impact d’ambiance », précise le secrétaire général de la Chambre de métiers et de l’artisanat. Et d’expliquer ce travail de « valorisation des métiers » soumis aux fluctuations de l’imaginaire collectif. La plupart des métiers d’apprentissage, autrefois réservés aux jeunes en échec scolaire, ont, certes, le vent en poupe. Mais cet « impact d’ambiance » agit pour le meilleur et pour le pire.

« Top Chef » inspire


Les métiers de bouche bénéficient, par exemple, d’un réel engouement depuis que des émissions telles que « Top chef » ont fait leur apparition sur le petit écran. Tant mieux pour la filière qui offre encore de sérieux débouchés. Mais, à l’inverse, les discours négatifs qui accompagnent les plans sociaux dans le secteur automobile, détournent les élèves d’un métier qui, pourtant, a besoin de main-d’_3uvre dans la réparation lorsque les voitures neuves se vendent moins.

«_À 95 %, les élèves trouveront un emploi au terme de leur apprentissage »


La première rentrée de l’université bayonnaise des métiers compte déjà une hausse de 6 % d’élèves. Lesquels, à 95 %, trouveront un emploi au terme de leur apprentissage. Dans un contexte de tension économique, cette proportion reste rassurante. Et change la donne de l’apprentissage. Parmi les 500 jeunes qui ont, cette année, investi les domaines de la mécanique, des soins à la personne ou des métiers de bouche, Philippe Gueucier constate une hausse constante du niveau scolaire, auquel il faut adapter la pédagogie.
Un vrai problème pour les élèves en échec scolaire, dépassés par ce nouvel engouement. D’autant que les métiers de l’artisanat ont également évolué pour aborder, aujourd’hui, des compétences de management, de développement commercial ou de gestion. Et même le geste technique a souvent évolué.

Deuxième vie cherchée


À la page des dernières technologies, les formations dispensées par l’Université des métiers attirent également un nouveau public adulte, conscient que l’artisanat est créateur d’emploi.
« Aujourd’hui, avec l’augmentation de l’âge de la retraite, un nouveau public cherche une deuxième vie professionnelle », constate Philippe Gueucier. Un mouvement entamé, selon lui, « il y a cinq ou six ans », qui « participe aussi à la valorisation de l’artisanat », estime-t-il. 350 demandes ont ainsi été formulées, en 2012. Sauf que, cette année, ces formations débouchent plus difficilement sur le marché de l’emploi. Et si la chance du littoral aquitain est de générer un dynamisme démographique, la récession
économique plane comme une menace sur ces authentiques débouchés. Un autre « impact d’ambiance ».
Rémi Rivière