Le BTP fait le dos rond

Bâtiment et travaux publics La crise fait sentir ses effets depuis 2012, plus encore en Béarn

Il est loin le temps où les entreprises du secteur du bâtiment et des travaux publics des Pyrénées-Atlantiques cherchaient désespérément les 500 maçons qu’elles ne parvenaient pas à recruter. Depuis quelques mois, à défaut de procéder à des recrutements, ces entreprises ont plutôt tendance à se séparer de salariés, à ne pas renouveler les départs à la retraite, faute d’activité.

« Depuis 2008, nous faisions le dos rond dans le département », note Patrick Lacarrère, directeur de la fédération du BTP des Pyrénées-Atlantiques. « Et, depuis 2012, les effets de la crise se font véritablement sentir. Nous estimons que notre secteur d’activité à perdu environ 500 emplois dans le département l’an passé, sur un total de 1 505 800, 805 300 en Béarn et 705 500 au Pays basque. Et cette année devrait être pire encore. Il faudrait désormais un véritable plan de reprise. Surtout que les besoins en logements sont là. »

Concurrence étrangère


Il est vrai que la crise est forte dans les métiers du bâtiment. Crise que la concurrence étrangère – et souvent dénoncée par la profession comme étant déloyale  vient accélérer encore le phénomène.
« Au plan national, la chute d’activité est de l’ordre de 20 % », calcule Patrick Lacarrère. « Nous sommes passés, entre 2011 et 2012, de 420 05000 à 340 000 mises en chantier de logements. Et l’on devrait ne compter que sur 300 000 mises en chantier, en 2013. Certains parlent même de 250 000 seulement. Nous avons perdu 15 05000 emplois en France en 2012, et la perte pourrait monter à 40 05000 cette année. Dans le département, le phénomène de baisse est plus sensible en Béarn qu’au Pays basque. Ce qui est inquiétant, c’est la concurrence de la main-d’œuvre étrangère low-cost. Nous redoutons que des entreprises locales finissent par faire appel à cette main-d’œuvre pour entrer dans les prix d’un marché cassé. Avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la main-d’œuvre locale. »

« Les métiers les plus techniques, ceux de la maintenance des bâtiments, par exemple, recrutent encore »


Une des conséquences déjà visible de la baisse d’activité est la diminution du nombre de contrats d’apprentissage proposés, faute de pouvoir trouver des maîtres d’apprentissage. « On assiste à quelques défaillances d’entreprises et, chaque jour ou presque, à des restructurations. Et encore, il faut se dire que les Pyrénées-Atlantiques sont, en Aquitaine, un département moins touché que les Landes ou le Lot-et-Garonne, par exemple. Alors que notre secteur d’activité était un vecteur de stabilité, il perd aujourd’hui des emplois. Or, nous savons qu’un emploi dans le secteur du bâtiment, ce sont deux emplois induits. Une seule activité reste très porteuse et recrute. Il s’agit des métiers les plus techniques de la maintenance des nouveaux engins des bâtiments. Mais pour le gros œuvre, la peinture ou la charpente, par exemple, ça va mal ».

Richard Picotin