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Hôtellerie/Restauration3. Pour le représentant de l’Umih Pays basque, 2013 s’annonce difficile

Premier secteur d’embauche de France, l’hôtellerie et la restauration font pourtant grise mine à l’heure de la récession et de l’annonce de François Hollande d’augmenter la TVA dans la restauration à 10 % au 1er janvier 2014. « Méfiance et prudence », résume Pierre Barat, président de l’Umih Pays basque, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. Si 2011 et 2012 ont été des années stables, 2013 promet d’être « une année très dure », promet le représentant local du syndicat patronal.
Une année qui, déjà, amorce la saison estivale sous les trombes d’eau que l’on sait et augure d’une saison « catastrophique » pour Pierre Barat. « Les saisonniers sont déjà embauchés et seront débauchés en août même s’il y a une belle arrière-saison », prédit-il, sans rien trouver dans les annonces de l’État qui puisse égayer ce « constat très sombre ».

Hausse de la TVA


Les nouvelles lois sur l’embauche, qui promettent un crédit de 4 % sur la masse salariale « ne sont pas en place », tempête Pierre Barat qui déplore également que les trois points d’augmentation de la TVA, promis par François Hollande, seront de la poche des restaurateurs. En ces temps de morosité économique, les restaurateurs rechignent à répercuter l’augmentation de leurs charges sur les prix, de peur de décourager le chaland.

Par effet ricochet, les temps ne sont pas à l’embauche et l’emploi reste frileux, à l’image de la météo et d’un temps qui menace invariablement les saisons. « Tout le monde a peur et il y a des risques à embaucher », confirme Pierre Barat. Du coup, dans des petites entreprises bien loin des turpitudes du Cac 40, souvent gérées de manière familiale, on préfère accumuler les heures supplémentaires que de créer de l’emploi. Même si les charges du passage de 35 à 39 heures ont été restaurées par François Hollande.

Seul point positif pour l’embauche dans le secteur, l’activité citadine qui continue à faire prospérer hôtels et restaurants. Les consommateurs persistent à dîner en ville. Et les jeunes à vouloir investir la filière, galvanisés par quelques émissions phares du petit écran, comme « Top Chef ». Un effet que Pierre Barat compare au sport, et aux salaires des grands joueurs qui font rêver les marmots sans penser au travail et aux contraintes qu’il faut pour se hisser au plus haut niveau. Le métier reste impitoyable pour les jeunes pas assez motivés et « beaucoup abandonnent la première année », affirme le restaurateur bayonnais.

Concurrence déloyale


Dans sa ville, Bayonne, comme le signe du désenchantement, Pierre Barat pointe également du doigt les Fêtes, dont la manne annuelle s’amenuise. Et de pointer la concurrence déloyale de peñas qu’il accuse de faire parfois « un commerce illégal ». « Aujourd’hui, on laisse faire notre métier à des gens qui n’ont pas nos charges », s’emporte-t-il, reconnaissant que, « quand tout le monde travaille, c’est ok, mais, quand ça coince, on regarde ».
Le patron du Bouchon basque, restaurant et bar à vins en face du siège de l’Aviron Bayonnais, promet de réduire la voilure de l’embauche pour ces Fêtes 2013. Pour le reste, en ces temps de perturbations économiques, il s’en remet aux cieux.

Rémi Rivière