L’aéronautique en quête de bras



Ils recrutent Sur le bassin béarnais, ses industries constatent une pénurie de main-d’oeuvre

La politique est à l’embauche. En début d’année, Turbomeca annonçait la création de 70 emplois pour 2013, en plus des 130 remplacements de départs à la retraite._Dans l’aéronautique, les carnets de commande sont pleins. Ils s’étalent sur plus de sept ans pour Airbus qui compte désormais plus de 405 900 avions à délivrer.
« Ces avions, il faudra bien les fabriquer ! », s’exclame Christian Houel, président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM). Tuyères, viroles, pièces de moteurs, le métal va être façonné, les industries vont tourner.
Et, pourtant, les sous-traitants de l’aéronautique se heurtent à une pénurie de main-d’œuvre sur le bassin béarnais.

Des idées reçues


L’inadéquation entre offre et demande est flagrante. Ce ne sont pas des cadres ou ingénieurs qui sont recherchés mais des ouvriers qualifiés. « La pénurie, c’est le personnel d’atelier : les usineurs, fraiseurs, tourneurs, soudeurs, chaudronniers », explique Christian Houel, qui est aussi gérant de l’entreprise Aquitaine Electronique, basée à Serres-Castet.

Des métiers qui sont peu connus, voire dévalorisés. Rien que le terme de « chaudronnier » pourrait paraître presque désuet, recouvrant mal les évolutions du métier, la technique que demande la déformation du métal.
Autre idée reçue : le travail à la chaîne. « Dans l’industrie aéronautique, aujourd’hui, c’est fini. C’est différent de l’automobile qui garde une certaine production de masse », rapporte le président de l’UIMM.
Surtout, qu’appliquée à l’aéronautique, la métallurgie demande de la précision, une grande dextérité, un savoir-faire. Le respect des normes de sécurité est primordial, ainsi que le suivi des plans. « Un programme aérien s’étale dans le temps, il faut savoir reproduire des pièces à l’identique, exactement conformes à celles dessinées plus de quarante ans auparavant », explique Christian Houel.

Valoriser l’industrie, c’est le défi de l’UIMM. Selon Christian Houel, le bassin aquitain et midi-pyrénéen est celui où la demande actuelle est la plus forte. Pour lui, « il faut créer un réservoir d’urgence, et attirer les jeunes, l’industrie a besoin de cerveaux et de bras ».

Les élèves sensibilisés


Il s’agit de convaincre les jeunes, mais aussi les parents. Au mois d’avril, ce sont 105 200 étudiants qui ont été sensibilisés et ont rencontré plus de 35 professionnels de la métallurgie lors de la Semaine de l’industrie.
Les collégiens et lycéens sont régulièrement invités à visiter les centres de formation, à Bordes ou à Tarbes. De leur côté, les entreprises organisent des journées portes ouvertes.
Autres dispositifs : l’apprentissage et les stages, qui sont encouragés. Examéca, Messier, Turbomeca, ou Aquitaine Électronique accueillent chaque année des apprentis. Avec, bien souvent, l’objectif de les intégrer ultérieurement dans leurs équipes.

CAP, bac pro, BTS 26 les deux centres de formation délivrent un savoir-faire, rémunéré à ses débuts entre 1 05 300 et 105 500 euros. Les deux centres de formation peuvent se targuer d’un taux de réussite de 95 % au bac. Certains poussent même jusqu’au diplôme d’ingénieur. À la sortie, cela paie, avec 95 % des étudiants qui trouvent du travail dans les mois qui suivent.

Éloïse Layan