Sortir la tête de l’eau

Licenciée en 2006 par Arena, Véronique Faurio a lancé sa propre ligne de maillots de bain en 2010 sur fond de crise


Ce devait être une belle histoire. Celle d’une femme entreprenante. C’est ainsi que Véronique Faurio, 47 ans ce mois-ci, baptise sa société en 2010 : Bella Storia. Comme un espoir. De sortir la tête hors de l’eau après qu’Arena avait envoyé par le fond ses 160 salariés. Nous sommes au printemps 2006. L’entreprise libournaise, qui moule alors le corps de la nageuse olympienne Laure Manaudou dans ses maillots de bain sur mesure, décide de délocaliser en Chine sa production. Valérie Faurio, responsable des  en majorité des femmes d’ailleurs. Sur le coup, point d’amertume. « Je n’étais là que depuis cinq ans et j’avais déjà connu ça auparavant. » Dotée d’un tempérament à ne pas se morfondre dans un canapé, Véronique Faurio utilise sa prime de licenciement pour fonder plus tard sa propre société: Bella Storia. Elle oublie juste de déposer la marque récupérée par un fabricant de chaussures. Tant pis. Elle crée néanmoins sa propre ligne de maillots de bain: Enaelles. Entre-temps, elle a travaillé dans deux imprimeries acceptant de revoir à la baisse son salaire et ses responsabilités. « Je préférais travailler qu’être au chômage », confie la native de Montguyon (Charente-Maritime) qui n’a pour tout bagage qu’un Bac B et sciences économique et sociale (aujourd’hui bac ES) et des études de comptabilité. Mais ces boulots ne lui correspondaient pas malgré sa connaissance du milieu de l’imprimerie. Elle regrette aujourd’hui sa précipitation.


Toujours partante

Comme elle regrette aussi de devoir (peut-être) écrire le mot fin au bas de cette belle aventure. Car finalement, sa ligne de maillots de bain n’a pas obtenu le succès attendu. La faute à la crise qui frappe particulièrement le textile, à plusieurs commandes annulées, et au fait qu’elle a mené seule cette aventure. Trop seule. La volonté n’a pas suffi. Il lui a manqué « la force de frappe commerciale. » Sur les 400 pièces de sa collection 2013 fabriquées en Tunisie, elle en a vendu 60. Alors en octobre dernier, Véronique  Faurio a repris une activité professionnelle plus rentable. Elle est responsable des achats dans une entreprise à Montcaret (Dordogne) près de Libourne où se trouve toujours le siège social de sa société de maillots de bain qu’elle tente toujours d’écouler. « Avec le recul je me rends compte que mon licenciement d’Arena a eu des conséquences. J’ai perdu un statut, mes compétences acquises en travaillant. Ça m’a mis un gros coup d’arrêt. J’ai toujours été très indépendante mais les relations sociales avec l’entreprise me manquaient. » Finalement, c’est peut-être ça la belle histoire qui (re)commence.


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ALAIN MONTANGUON  a.montanguon@sudouest.fr